Cancer ou pas, la vie continue


Renée vient me voir pour gérer ses angoisses, qu'elle qualifie de « sécuritaires ».

 

Renée a une cinquantaine d'années, nombres d'entre elles mises au service d'un fleuron de l'entreprise française en région parisienne. Un choix déterminé à l'époque par une volonté, entre autre, de prouver à sa mère qu'elle était capable.

Alors qu'elle s'est vraiment donnée à sa tâche, qu'elle a gravi les échelons, vécu des épisodes de pression managériale, elle ressent il y a 5 ans le besoin de changement. Elle cherche alors à changer de métier au sein de son entreprise... en vain.

Un ganglion palpé quelque part au dessous de la clavicule gauche vient donner le signal sans appel, qu'il est temps pour elle de faire une pause. Et elle le reçoit avec gratitude. Le ganglion est cancéreux. Renée est arrêtée et revient aux sources, au plus proche de sa famille, en province, pour se sentir entourée alors qu'elle doit se faire opérer et suivre le traitement qui s'impose. Celui-ci se passe au mieux, son corps réagit bien à la radiothérapie.

 

Ce 22 mars, il ne lui reste plus que quelques séances à suivre lorsqu'elle vient me voir. Et la perspective de devoir bientôt reprendre le travail réveille de grandes angoisses. Et il lui apparaît qu'il y a de nombreuses difficultés, trop, ou trop grandes, auxquelles faire face.

« - Et qu'est-ce qu'elle veut, Renée, à l'intérieur ?

- Je crois qu'elle veut vraiment se réaliser (Pleurs) Mais elle ne sait pas comment. Elle est perdue.

- Qu'est-ce que vous aimez dans la Vie, qu'est-ce qui vous fait vibrer ?

- Ce qui me fait vibrer c'est la rencontre avec les gens, c'est de pouvoir aider, c'est de pouvoir créer avec mes mains... »

Renée pratique la sculpture, le yoga, aime beaucoup de choses, mais elle, conditionnée par le travail et l'éducation, elle se met beaucoup de pression. Et là, les problèmes à régler ne sont pas « tangibles ».

 

Renée craint que ces « angoisses sécuritaires énormes, énormes » vécues de plein fouet en début d'année, ne soient en train de revenir en force. « J'étais déconnectée de mon corps, je ne sentais plus rien, ça m'a fait très peur. ». Elle les explique par le fait qu'elle est née prématurée, à huit mois.

« Ma mère m'a dit que j'étais presque sortie seule de son ventre. Je crois moi qu'il s'agissait d'une question de vie ou de mort: je suis née comme une bombe. Et j'ai passé un mois et demi en couveuse, donc j'ai été séparée. Il y a des angoisses de séparation, il y a des angoisses d'abandon. Voilà. Et ces angoisses de séparation sont à mon avis le maître mot de ces angoisses sécuritaires, et me séparer de (Nom de l'Entreprise) et de cette sécurité, c'est énorme. […] Donc voilà, et, et, et [...] et, et, et... hier c'est remonté quoi... (pleurs) »

  • Ok, ok, ok. Je vous invite directement à fermer les yeux...

 

Et j'induis une transe tout en douceur, avec du sensoriellement vérifiable et un point d'honneur mis sur la sécurité.

Et à vous installer comme vous êtes confortable... Et à faire peut-être comme vous avez l'habitude de faire lorsque vous partez pour un temps de méditation. Et je vous invite Renée à ressentir le contact du sol sous vos pieds ici et maintenant. La semelle peut-être à l'intérieur de cette chaussure, cette chaussure qui vient enfermer votre pied et le PRO-TE-GER, bien en sécurité à l'intérieur, et à remonter le long des mollets, [...]

Me vient ensuite naturellement une métaphore organique d'approfondissement, et de reprise de contact avec ses sens, son corps: le glissement dans un toboggan de parc aquatique.

Et j'imagine moi un toboggan de ceux qui ont de grands virages, dans les immenses piscines parfois ou parcs aquatiques. Un toboggan par lequel on peut descendre plus ou moins rapidement, selon le degré de la pente...

Nous explorons, à l'intérieur, étape après étape, différents angles de vue:

Et je vous invite à vous voir vous tout en haut de ce toboggan, sereine, juste à observer la vue tout autour de vous, la richesse et l'intérêt qu'il y a à être postée ici en hauteur, afin de pouvoir profiter d'un laaarge champ de vision. Et vous voyez peut-être en contrebas, plus loin, d'autres personnes, et la vie qui s'étale là-bas. Des plans d'eau, des points d'eau, des piscines peut-être et puis derrière la verrière voir plus loin encore, voir de l'autre côté de ce parc aquatique des bâtiments, le haut de certains arbres, de la flore... Et un temps percevoir les sons, de cette vie-là en contrebas.

 

Une emphase toute particulière s'instaure au point de bascule ou de non-retour, au moment où l'on décide vraiment de lâcher prise, en toute sécurité :

Et je vous invite juste à vous asseoir en haut de ce toboggan, dont vous ne percevez pas très bien la forme sinon essentiellement l'entrée. Et vous n'avez absolument aucune idée de ce qui vous attend lorsque vous prenez ce toboggan pour la première fois. Et je vous invite simplement à vous assurer de votre propre sécurité là tout en haut, de sentir comme vos chevilles font simplement barrage devant ces jets d'eau. Vous les sentez là les jets d'eau qui vous poussent les chevilles mais vous tenez bien fermement, vous ne risquez absolument rien. C'est vous à l'intérieur Renée, qui décidez toujours, en tout point, [...] Et je vous invite à sentir à l'intérieur Renée, l'instant précis où vous aurez décidé à l'intérieur, de lâcher.

 

S'en suit l'expérience du glissement, depuis l'intérieur même du toboggan, avec tous ses rebondissements, surprises, plus ou moins intenses, ressentis dans son corps, avec une attention portée sur son centre de gravité, qui s'adapte de façon automatique... Puis l'arrivée se fait en douceur, et l'on profite de quelques brasses avant de retrouver la surface ferme et de prendre le temps d'apprécier le chemin parcouru, par un nouveau changement de perspective :

 

Et puis vous pouvez juste remonter quelques marches et prendre le temps de vous retourner, afin d'observer la forme du toboggan, à l'intérieur, que vous venez de traverser. D'observer sa taille, sa couleur peut-être, et de voir le point d'entrée loin là-haut par lequel vous venez de passer. Et de reconnaître comme cela peut être impressionnant à l'intérieur. [...]

Puis le cours de la vie continue, avec de nouvelles expériences, et une nouvelle métaphore organique: une marche sur un tapis d'herbes. Nous prenons le soin d'explorer la sensation des graminées sous ses pieds, qui se redressent de façon dynamique après avoir plié sous son pas, puis je l'invite à les observer visuellement depuis l'extérieur... Nous extrayons ainsi de nouvelles ressources, par l'observation de la Nature et cette flexibilité incroyable d'une simple graminée.

 

Nous continuons de façon plus directe l'accès aux ressources dans le vécu même de Renée, avec au préalable la mise en place des signaux des doigts, en retrouvant 3 moments particulièrement agréables de sa vie, « où Renée vraiment se sentait bien, elle-même, en TOUTE SECURITE, »..., afin de les ré-examiner et d'en extraire toutes les ressources et nouvelles informations utiles pour Renée dans sa vie d'aujourd'hui, avec confirmation par signaux des doigts.

 

Enfin nous procédons au rêve d'intégration de la séance, au cours duquel elle peut marcher à sa guise, et crier pourquoi pas, danser, chanter, et quoi que ce soit d'autre à l'intérieur.

 

Ré-orientation

 

Après quelques longues secondes...

 

« - J'ai l'impression que je suis paralysée (Rires) tellement je suis dans le corps

  • Super.

  • J'ai même du mal à bouger les cuisses, c'est...

  • Prenez votre temps.

  • C'est étonnant... Y a une énergie d'une force !

  • C'est vous qui la captez, hein.

  • Oui ? Oui, comme une colonne, c'est vrai j'ai encore du mal à … C'est beau hein. C'est très, très puissant.

  • C'est vous qui permettez cela Renée.

  • J'ai vécu ça au mont Saint Michel mais là...

    […] Là j'ai l'impression de participer au tout.

  • Complètement.

  • Merci beaucoup. »


Articles similaires

Derniers articles

Cancer ou pas, la vie continue

Le temps de l'Amour

La vie est belle

Catégories

Création et référencement du site par Simplébo Simplébo

Connexion